Historique de l’église

L’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à l’origine, s’élève sur l’ancien clos du Chardonnet ainsi nommé parce qu’à cet endroit le chardon (utilisé pour le cardage des draps) y était cultivé en abondance. Ce terrain appartenait au XIIIe siècle à l’Abbaye de Saint-Victor dont le vaste territoire s’étendait du Jardin des Plantes à la Place Maubert. En 1230, Guillaume d’Auvergne, évêque de Paris, désirait que la population installée sur la rive gauche de la Seine puisse avoir une chapelle. C’est dans ce but qu’il s’adresse à l’abbaye qui céda, gratuitement, un terrain: le clos du Chardonnet.

Très vite la chapelle devint insuffisante et il fallut la remplacer cette fois par une véritable église et comme la plupart des paroissiens appartenaient au commerce de la batellerie, elle fut placée sous l’invocation de Saint-Nicolas, patron (entre autres) des mariniers.
Cette église, de style ogival, était normalement orientée, c’est-à-dire d’est en ouest, et son portail principal était sur la rue des Bernardins, tandis que le sanctuaire était à l’emplacement de l’actuelle chapelle du Saint-Sacrement.

Plan de Paris de Bullet et Blondel, 1676
avec en haut à droite la première église Saint Nicolas du Chardonnet
et en bas à gauche la cathédrale Notre-Dame de Paris

L’église dura jusqu’au milieu du XVIIe siècle, mais elle y parvint dans un état déplorable. Il était nécessaire de la remplacer rapidement. Sans nul doute, cette urgence ajoutée à un manque de place et à un manque de fonds pèseront lourd dans les difficultés de tous ordres que rencontrera la construction du nouveau Saint-Nicolas. Pourtant, tout commençait sous les meilleurs auspices puisque Charles Le Brun, le peintre du Roi, prenait en quelque sorte la direction des travaux. La construction de la nouvelle église se fit au fur et à mesure de la démolition de l’ancienne, ce qui ne fut pas non plus sans poser de graves difficultés; mais grâce à cela, la vie religieuse ne fut jamais interrompue depuis 1230 jusqu’à la Révolution.

Le 15 août 1667, Monseigneur de Perefixe, archevêque de Paris, bénit la première pierre et fait la dédicace du monument, mais la construction fut encore bien souvent interrompue. De 1707 à 1716, on démolit la nef et le bas-côté sud de la vieille église et on enlève les trois dernières travées de l’actuelle nef ainsi que la chapelle du Saint-Sacrement. Le gros œuvre est considéré comme achevé puisque la place manque pour construire la façade dont l’architecte Jacques Antoine a établi le projet. Ce ne sera plus dès lors que des travaux de consolidation ou d’embellissement intérieurs.

Plan Turgot de Paris, 1734, l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet
et le couvent des Bernardins annexe

Le 4 décembre 1768, Mgr Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, consacre le maître-autel (une plaque rappelle cet événement) mais refuse de consacrer l’église considérant que sans façade, l’édifice est inachevé.

Grand’messe à Saint-Nicolas-du-Chardonnet sous le Second Empire

A la Révolution, l’église est fermée et en 1795, louée à la citoyenne Pothain. Cette même année, Alexandre Lenoir transfère les œuvres d’art de Saint-Nicolas à la réserve des Petits Augustins, les meubles, autels, boiseries sont vendus et le maître-autel est brisé. Il s’en fallut de peu qu’en 1799, l’église ne soit démolie. Grâce au bail de location, un sursis fut accordé, permettant ainsi d’arriver au Concordat de 1801, date à laquelle l’édifice fut rendu au culte.

Saint-Nicolas-du-Chardonnet
à la fin du XIXème siécle

A partir du Concordat, les œuvres d’art furent en partie restituées (fort lentement d’ailleurs), les chapelles restaurées les unes après les autres, et en 1814, un nouveau maître-autel est consacré. Le portail principal dont la construction avait été reportée tant de fois fut construit de 1932 à 1937. L’achèvement de l’église étant réalisé, rien ne s’opposait plus à ce qu’elle soit consacrée. C’est Mgr Beaussart, délégué de S.Em.le Cardinal-Archevêque qui procéda à la consécration, le vendredi 2 juillet 1937, en la fête de la Visitation, presque trois siècles après la bénédiction de la première pierre.

Saint-Nicolas-du-Chardonnet au tout début du XXème siècle
avant la construction du portail principal

Trois siècles, un délai qui peut sembler long, mais il est bien connu que pour l’Eglise, le temps ne se mesure pas à l’échelle humaine.

Bernard Faribault (+), ancien archiviste de St-Nicolas